4.600 euros, le nouveau smic français...Payé par la sécurité sociale

Publié le par das-baham

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Assurer un salaire minimum aux médecins qui accepteront de s’installer en zone rurale, telle est la dernière proposition de la ministre de la Santé, Marisol Touraine pour en finir avec les déserts médicaux. Elle a en effet, indiqué dimanche 2 décembre, sur M6, être disposer à garantir un salaire minimum de 55.000 euros par an, soit environ 4.600 euros par mois aux jeunes diplômés qui iront dans les régions les moins peuplées.

En pratique, la sécurité sociale complétera les revenus des médecins qui n’atteindraient pas ce plafond. Ce dispositif s’appliquera sur une période de deux ans, le temps d’accompagner les investissements les plus lourds. Il devrait démarrer dès 2013 et s’adressera à 200 praticiens.

55.000 euros par an est-ce assez attractif ? La ministre a, certes, pris soin de préciser que ce montant n’était pas encore totalement arrêté. Mais, il est à comparer avec la rémunération globale de la profession. D’après l'UNASA (Union nationale des associations agréées), le revenu moyen d'un généraliste s'est élevé, en 2011, à 78.869 euros annuels. Mais en début de carrière, les médecins gagnent moins. Leurs revenus oscillent plutôt entre 37.000 et 45.000 euros annuels.

Les médecins assurent que le problème n'est pas que lié aux salaires

Il n’empêche, les premiers intéressés ont déjà balayé d’un revers de main la proposition de Marisol Touraine. Ainsi, pour Alexandre Husson, président du syndicat des jeunes généralistes (SNJMG), "55.000 euros, ça représente huit à neuf patients par jour pendant un an, chiffre facile à atteindre". Pour ce représentant de la jeune génération, "le vrai problème, c’est celui du choix de vie et d’un mode de rémunération qui favorise l’abattage."

Les ainés sont moins sévères, ainsi Claude Leicher, président du premier syndicat de généralistes MG-France y voit "un signal positif". Reste que pour lui aussi, ce geste ne répond pas aux conditions d’exercice du métier. Et il est loin d’être une solution plausible au problème des déserts médicaux, plutôt d’ordre démographique. "D’ici cinq ans, 13.000 généralistes vont prendre leur retraite", prévient Claude Leicher. Selon les données du Conseil national de l’Ordre des médecins, les praticiens âgés de moins de 35 ans représentent à peine 6% de l’effectif total.

Et même si la France reste parmi les pays les mieux dotés – avec en moyenne 306,7 praticiens pour 100 000 habitants - la pénurie de médecins devrait donc impacter tout le territoire. Jouer sur la seule rémunération est vain. 

Une profession de plus en plus féminine

Les économistes sont tout aussi dubitatifs. "En soi, ce n’est pas une mauvaise mesure, estime Jean de Kervasdoué, même si dans les régions rurales, c’est souvent là où les médecins sont les mieux payés." Et le titulaire de la chaire d’économie de la santé du Centre national des arts et métiers de reconnaître toutefois, que durant les deux premières années, les revenus sont souvent inférieurs à la moyenne. "La mesure de Marisol Touraine permettra de combler le retard à l’allumage, mais je ne crains que ce ne soit suffisant".

"Insuffisant, mais surtout à côté de la plaque", assure de son côté Claude Le Pen, professeur à l'université Paris-Dauphine. Pour ce spécialiste de la santé, en matière d’installation, "ce n’est pas tant la rémunération qui compte que l’environnement". Le dispositif risque d’être comme un coup d’épée dans l’eau car le problème est d’ordre sociologique : "aujourd’hui, les jeunes médecins sont à 70% des filles". Et cette féminisation impliquerait, selon lui, d’autres attentes : "Les jeunes femmes médecins sont bien plus attentives que leurs homologues masculins à ne pas s’isoler, à avoir des écoles pour leurs enfants, des lieux de vie proches d’elles…ce ne sont pas 1.000 euros en plus qui vont les décider".

Marisol Touraine devrait présenter son plan global pour lutter contre les déserts médicaux courant du mois de décembre. Pour l’heure, elle doit faire face à un mouvement de mécontentement des blouses blanches. Dimanche 2 décembre, près de 1.600 médecins libéraux – généralistes et spécialistes- ont manifesté à Paris contre l’encadrement des dépassements d’honoraires mais aussi contre les réseaux de soins des mutuelles. En première ligne, les internes étaient du cortège, pour exprimer leur colère contre leurs conditions d’exercice. Avec son "smic" jeune médecin, la ministre de la Santé a-t-elle cherché à calmer le jeu ? Si tel est le cas, c’est plutôt raté.

 

 

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SOURCE : CHALLENGE

Publié dans Economie

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